LA VOIX DE L'ÉTERNELLE SAGESSE

 

 

 

Je suis venu pour dire un seul mot, et ce mot je le dirai aujourd'hui. Mais, si la mort devait m'en empêcher,

il sera dit Demain, car Demain ne laissera aucun secret dans le livre de l'Éternité.


 Je suis venu afin de vivre dans la gloire de l'Amour et dans la lumière de la beauté, qui sont les reflets de Dieu.

Sur cette terre je vis, et personne ne peut me chasser des sphères de la Vie. Car, à travers mon mot chargé de vie,

je continuerai d'exister, même dans la Mort.

 

En ce monde je suis venu, à dessein d'être pour tous et avec tous. Et, de ce qu'aujourd'hui j'accomplis dans la solitude,

Demain la multitude s'en fera l'écho.

Ce qui, aujourd'hui n'est dit que par un seul coeur, Demain sera dit par des milliers de coeurs.


                                                                                                                                                                                                                     Khalil Gibran

 



 Le voyage du Maître à Venise

 

 

Le Maître dit : tu voudrais que je te raconte la tragédie que la mémoire joue chaque jour et chaque nuit sur la scène de mon coeur. Prête l'oreille à mon histoire, écoute-la, mais ne me prends pas en pitié, car la pitié est pour les faibles, et vois : je reste fort jusqu'au bout de mon affliction.


 Depuis ma jeunesse, jour et nuit je suis hanté par la fantôme d'une étrange femme. Lorsque la nuit je suis seul, elle s'assied prés de mon lit, et dans le silence profond, je distingue sa voix céleste. Souvent quand je ferme les yeux, je sens ses doigts délicats passant sur mes lèvres, mais quand je les rouvre je suis glacé d'effroi et soudain me mets à écouter intentionnellement les murmures du Néant...


Cette femme imaginaire est certes l'épouse partageant avec moi les joies et les chagrins de ma vie. Quand au matin je me réveille, je la trouve penchée sur mon oreiller, les yeux brillants d'affection et d'Amour maternel. Lorsque je conçois un projet, auprès de moi elle reste pour m'aider à le réaliser. À l'heure des repas, quand je m'assieds à table, elle vient s'asseoir aussi et nous échangeons des pensées et des mots.


Au soir, elle vient vers moi, disant : « nous nous sommes trop attardés en cette maison, partons pour les champs et les prés. » Alors je quitte mon ouvrage pour la suivre. Nous nous asseyons sur un grand rocher et laissons porter les yeux jusqu'au lointain horizon. De son doigt, elle m'indique le nuage ourlé d'or, puis elle m'éveille au chant des oiseaux qui, avant de faire leur nuit remercient Dieu pour son don de liberté et de paix.


Que de fois elle vient me rejoindre dans ma chambre lorsque me dévorent l'angoisse et l'inquiétude. Dès que je l'aperçois, mes tracas et mes chagrins s'envolent et je retrouve joie et sérénité. Quand mon esprit se révolte contre les injustices commises par l'homme envers l'homme, ou quand je distingue son visage parmi d'autres visages que je cherche à fuir, dans mon coeur la houle retombe à sa place, s'élèvent les voix célestes de la sérénité. Quand, je suis seul, et que les flèches amères de la vie déchirent mon coeur, quand les contraintes de la vie m'enchaînent à la terre, je vois ma compagne qui me regarde, les yeux débordants d'Amour ; aussitôt, mon chagrin devient joie et la vie une terre de félicité.


 Car la compagne de mon imagination et moi sommes telles des pensées qui librement vagabondent devant la face du soleil ou qui flottent à la surface des eaux, chantant un chant à la clarté de la lune, un chant de paix berçant l'esprit et le rapprochant de l'ineffable beauté.


 Amis qui partagez ma solitude et mon exil, Dieu a voulu que je boive la coupe amère de la vie. Sa volonté sera faite. Nous ne sommes que de fragiles atomes dans les cieux de l'infini et l'unique chose que nous puissions faire, c'est d'obéir à la providence et de nous plier à sa volonté.


 Quand nous aimons, notre Amour n'est ni de nous ni pour nous. Quand nous nous réjouissons, la joie n'est pas en nous, elle participe de la Vie même. Quand nous souffrons, la souffrance ne réside pas en nos blessures, elle est au coeur même de la nature.


 Mon dessein n'est pas de me plaindre, car celui qui se plaint doute de la Vie et vois, ma foi en elle est inébranlable. Je crois bon que l'amertume soit mélangée à chaque gorgée que je bois dans la coupe de la Vie. Je crois à la beauté de la tristesse emplissant mon coeur, mais aussi à l'ultime miséricorde des doigts d'acier enserrant mon âme.


De mes années d'exil, je ne regrette rien. Car celui qui cherche la Vérité et la crie à l'humanité doit s'attendre à souffrir. Mes chagrins m'ont appris à comprendre ceux des autres. Ni la persécution ni l'exil n'ont assombri la vision qui est la mienne.

 


 

 La Mort du Maître

 


 Sa vie en ce monde était une chaîne ininterrompue d'actions méritoires et une constante méditation, car le Maître ne connaissait de repos que dans le travail. Il aimait le travail et il l'avait appelé Amour Visible.

 Il était une source de connaissance, jaillie du sein de l'Éternité, un fleuve de pure sagesse, arrosant et rafraîchissant l'esprit de l'homme.

 Car, rappelez-vous, seuls ceux qui n'ont jamais pénétré dans le Temple de la Vie ni fertilisé le sol de la moindre goutte de sueur de leur front méritent vos pleurs et vos lamentations quand ils quittent cette terre.

 Il ne convient pas de donner au génie mais de recevoir de lui. Cela est l'unique manière que vous ayez de l'honorer. Ne pleurez pas sa mort mais réjouissez-vous et désaltérez-vous à souhait à la fontaine de la sagesse. De la sorte seulement lui payerez-vous le tribut qui, en vérité lui revient.

 Almuhtada parlait de la Vie et de la Réalité de la Vie, disant :

 « L'homme est pareil à l'écume de la mer flottant à la surface de l'eau. Sitôt que souffle le vent, elle se dissipe et c'est alors comme si elle n'avait jamais existé. Ainsi en est-il de notre vie lorsque la Mort l'emporte....

 « L'éther porte chaque éclat de rire et chaque soupir de nos coeurs ; il préserve leur écho qui répond à chaque baiser donné dans la joie.

 « Les anges inscrivent sur leurs registres chaque larme versée pour la Douleur, et ils portent aux oreilles des esprits errants dans les espaces de l'infini chaque chant de joie inspiré par nos amitiés.

 « Demain, nous distinguerons et percevrons chaque vibration de nos sentiments et chaque mouvement de nos coeurs. Nous comprendrons le dessein de la divinité en nous, qu'aujourd'hui nous avons en dédain du fait de notre Désespoir.

 « Cette chose que, dans notre culpabilité, nous appelons aujourd'hui fragilité, apparaîtra demain comme un maillon essentiel dans la chaîne complète de l'homme.

 « Es-tu tourmenté par les multiples croyances que l'homme professe ? Es-tu perdu dans la vallée des doctrines contradictoires ? Crois-tu que la liberté de l'hérésie est moins incommode que que le joug de la soumission , et la liberté de dissension plus sûre que la citadelle de l'assentiment ?

« Si oui , fais de la beauté ta religion et adore-la comme ta divinité, car n'est-elle pas l'oeuvre visible, évidente et parfaite de Dieu ? Affranchis-toi de ceux qui simulent la piété, mais qui habitent avidité et arrogance. Crois en la divinité de la beauté, qui inspire à la fois ton culte pour la Vie et ton aspiration au bonheur.

« Devant la beauté, fais pénitence et rachète tes fautes, car elles rapprochent ton coeur du trône de la femme, miroir de tes amitiés et enseignante de ton coeur suivant la voie de la Nature, en qui demeure ton existence.

 « En ce monde, il y a deux types d'hommes : les hommes du passé et les hommes de l'avenir. De quel côté vous rangez-vous, mes frères ? Approchez afin qu'attentivement je vous regarde et discerne si vous avancez dans le monde de la lumière ou marchez dans celui des ténèbres. Approchez-vous que je sache qui vous êtes, ce que vous êtes.

 « Êtes-vous un guide religieux qui tisse pour son corps une robe écarlate avec l'humilité de sa foi et façonne pour sa tête une couronne avec de la bienveillance; qui puise dans l'abondance de Satan, tout en vomissant sa haine de Satan ? Si oui vous êtes un hérétique, et il n'importe que vous jeûniez tout au long du jour et priiez toute la nuit durant.

« Ou bien êtes-vous un journaliste vendant ses principes sur un marché d'esclaves, et par-là entretient la médisance, le malheur et le crime ? Si oui, vous êtes comme un vautour vorace se repaissant de charognes.

 Êtes-vous un écrivain voulant dominer la foule, cependant que son cerveau s'égare dans le gouffre des temps passés, rempli des vains lambeaux et des guenilles amassés au travers des âges ? Si oui, vous êtes comme une étendue d'eau stagnante.

 « Ou bien êtes-vous un penseur perspicace sondant son être intime, qui se sépare des choses inutiles, désuètes et néfastes, mais conserve les choses bonnes et utiles ? - Si oui, vous êtes comme de la manne pour les affamés ou de l'eau fraîche et limpide pour les assoiffés.

 « Ainsi l'humanité est-elle divisée en deux longues colonnes, l'une se composant d'hommes âgés et voûtés qui s'appuient sur des bâtons tordus et qui avancent sur le sentier de la Vie en haletant, comme s'ils escaladaient une montagne, alors qu'à la réalité ils descendent vers un abîme.

« Tandis que l'autre colonne se compose d'êtres jeunes, avançant comme sur des jambes ailées, chantant comme si leur gorge était tendue de cordes d'argent et grimpant vers les sommets comme poussés par une force irrésistible et magique.

 « Dans quelle colonne vous placez-vous, mes frères ? Posez-vous cette question quand seul le silence de la nuit vous entoure.

« Voyez pour vous-même si vous êtes un Esclave d'Hier ou un Homme libre de Demain. »


 

 Le Message du Maître


De la Vie


 La Vie est comme une île perdue dans l'océan de la solitude, une île dont les rochers seraient nos espérances et les arbres nos rêves, dont les fleurs seraient notre solitude et les ruisseaux nos aspirations.


 Votre Vie, ami, est une île séparée de toutes les autres îles et religions. Quel que soit le nombre de bateaux qui quittent vos rivages pour d'autres pays, quel que soit le nombre de flottes qui y accostent, vous serez à jamais une île séparée souffrant les affres de la solitude et aspirant au bonheur. - Les autres hommes ne vous connaissent point et ils sont loin de compatir à votre solitude ou de vous comprendre.


 Mon frère, ta vie est comme une maison isolée, loin de toute demeure humaine. Une maison où aucun regard étranger ne peut pénétrer. Si elle était privée de lumière, la lampe de ton voisin ne pourrait l'éclairer. Si elle était sans vivres, les gardes-mangers de tes voisins ne pourraient lui en procurer. Si elle s'élevait dans le désert, tu pourrais la transporter dans le jardin d'autres hommes,labouré et cultivé par d'autres mains. Si elle était construite au sommet d'une montagne, tu ne pourrais descendre dans la vallée, parcourue par le pas d'autres hommes.


 Mon frère, la vie de l'esprit s'écoule dans la solitude, et n'y aurait-il cette solitude et cet isolement, tu ne serais point ce que tu es, ni moi ce que je suis. Sans cet isolement et cette solitude,j'arriverais à croire en entendant ta voix que c'est ma voix qui parle, ou en voyant ton visage que c'est le reflet de moi-même dans un miroir.


 

Des Martyrs de la Loi de L'Homme



 Êtes-vous de ceux qui sont nés dans le berceau de la souffrance, puis ont été élevés dans le giron de l'infortune ou la maison de l'oppression ? Mangez-vous des croûtes de pain sec rendues humides par vos larmes? Buvez-vous de l'eau trouble où le sang s'est mélangé aux larmes ?


 Si oui, vous êtes un martyr de la loi de l'homme. Votre malheur et votre infortune sont le résultat de l'iniquité du fort et de l'injustice du tyran, de la dureté du riche et de l'égoïsme de l'homme vil et cupide.


 À mes bien-aimés qui sont sans défense, je dis : courage, car au-delà de notre monde de Matière réside une Immense puissance, une puissance qui n'est que justice, Compassion, Pitié et Amour.


 Vous êtes pareil à une fleur poussant dans un endroit obscur. Mais, la douce brise viendra qui sèmera votre graine dans la lumière du soleil où, de nouveau, vous vivrez dans la beauté.


 Vous êtes pareil à l'arbre nu qui plie sous le poids de la neige en hiver. Mais le printemps viendra qui jettera sur vous son manteau de verdure. Alors la vérité déchirera le voile de pleurs qui cache votre rire.



 

Pensées et Méditations



 La Vie nous enlève sur ses ailes et nous porte d'un endroit à l'autre et la Destinée fait de même. Mais nous, qui oscillons de l'une à l'autre, nous entendons d'effrayantes clameurs et ne voyons que ce qui s'érige en obstacle et barre notre chemin.

 

La beauté se montre à nous sur son trône de gloire, mais nous nous approchons d'elle le coeur rempli de convoitise. Nous arrachons sa couronne de pureté et salissons sa robe par des actes vils.

 

Lorsque l'Amour nous frôle, tout de mansuétude vêtue, nous le fuyons apeuré, ou nous nous cachons en des endroits obscures, ou encore nous le poursuivons et, en son nom, nous commettons le mal.

 

 Même le plus sage d'entre nous ploie sous le lourd fardeau de l'Amour, bien qu'à la vérité il soit aussi léger que l'espiègle brise du Liban.


 La liberté nous invite à sa table pour savourer avec elle ses mets délicieux et ses vins capiteux. Mais étant ses hôtes, nous mangeons avec voracité et voulons nous repaître.


 La nature vient à notre rencontre, tendant ses bras accueillants. Elle nous invite à apprécier sa beauté, mais nous redoutons son silence et courons vers des villes encombrées où nous nous entassons comme des moutons fuyant une meute de loups féroce.


La vérité nous appelle à travers le rire innocent d'un enfant, ou le baiser d'une personne aimée, mais nous fermons les portes de l'affection devant elle et la traitons en ennemie.


 Le coeur de l'homme crie à l'aide et son âme implore la délivrance, mais nous ne prenons garde à leurs appels, car nous n'entendons ni ne comprenons. Et celui qui entend et comprend, noue l'appelons un fou et lui tournons le dos.


 Ainsi les nuits passent et les jours nous saluent et nous enlacent. Mais nous vivons dans l'inconscience et dans la terreur constante du jour et de la nuit. - Nous nous accrochons aux choses terrestres, cependant que la porte d'accès au coeur du Seigneur est grande ouverte. Nous foulons aux pieds le pain de la Vie, cependant que la faim ronge nos coeurs.


 Combien généreuse est la Vie pour l'Homme, mais combien l'Homme se tient éloigné de la Vie.




 Du Premier Regard



 C'est l'instant qui sépare l'enivrement de la Vie et l'éveil, la première lueur qui éclaire les régions intimes du coeur, la première note magique jouée sur la corde d'argent de notre coeur. - C'est le moment fugitif qui défait devant l'âme les chroniques du temps, qui révèle à l'oeil les actions de la nuit et le travail de la conscience. Ce moment-là dévoile au futur les secrets de l'Éternité. Il est comme une graine jetée par Ishtar, déesse de l'Amour, et semée par les yeux du bien-aimé dans le champs de l'Amour, une graine fécondée par la tendresse et mûrie par l'Âme.


 Le premier regard du bien-aimé est pareil à l'esprit qui passait à la surface de l'eau, engendrant le ciel et la terre quand le Seigneur prononça ces mots :« Que cela soit. »

 

 

Du Premier Baiser



 C'est la première goutte bue dans la coupe remplie par la déesse avec le nectar de la Vie. C'est la ligne qui partage le Doute trompant l'esprit et attristant l'âme et la certitude qui inonde de joie l'être intime. C'est le premier verset du chant de la Vie et le premier acte du drame se terminant avec l'Homme Exemplaire. C'est le lien qui relie l'obscurité du passé à l'éclat du futur, le lien entre le silence des sentiments et leur chant. C'est le mot prononcé de concert par quatre lèvres, qui fait du coeur un trône, de l'Amour un roi et de la fidélité une couronne. c'est l'effleurement des lèvres de la rose par les doigts délicats de la brise où l'on entend la rose pousser un long soupir de soulagement et un doux gémissement.


 Avec le premier baiser naît cette vibration magique qui portera les amants du monde mesurable dans le monde des rêves et des révélations.


 Le premier baiser, c'est l'union de deux fleurs parfumées afin que, de leurs senteurs mêlées, il naisse une troisième âme.

 



Du Mariage



 Avec le mariage, l'Amour commence à métamorphoser la prose de la Vie en hymnes et en cantiques de louanges, grâce à la musique composée par la nuit qui sera chantée dans le jour. Avec le mariage, l'aspiration à l'Amour rejette son voile et éclaire les profondeurs du coeur; elle crée un bonheur qu'aucun autre bonheur ne saurait surpasser, sinon celui de l'Âme étreignant Dieu.


 Le mariage, c'est l'union de deux divinités en sorte qu'une troisième puisse naître sur la terre. C'est l'union réalisée par deux âmes dans un Amour fort, à dessein d'abolir la séparativité. Le mariage mène à cette unité supérieure en laquelle se fondent deux esprits distincts incarnés en deux individualités séparées. Il est l'anneau d'or d'une chaîne qui commença avec un regard et finira dans l'éternité. Il est une pluie pure descendue d'un ciel pur pour enrichir et bénir les champs de la divine Nature.


 De même que le premier regard vers le bien-aimé est comme de la semence répandue dans le coeur de l'homme, et de même que le premier baiser posé sur ses lèvres est comme une fleur sur les rameaux de l'arbre de Vie, l'union de deux amants dans le mariage est comme le premier fruit de la première fleur de cette semence.


 

De la Divinité de L'Homme



 Et cependant que l'Âme se tenait là, réfléchissant, souffrant et doutant de l'équité de la loi divine qui relie les forces terrestres les unes aux autres, elle chuchotait à l'oreille du silence :

 « Par delà toutes ces choses créées réside l'éternelle Sagesse, mère de la colère et de la destruction, mais aussi de l'imprévisible beauté. Car, le feu, le tonnerre et les tempêtes sont à la Terre ce que la haine, l'envie et le mal sont au coeur humain.

« Alors, j'ai compris que la terre était comme une superbe mariée, n'ayant nul besoin des bijoux ciselés par la main de l'homme pour parachever sa beauté, car elle se contente de l'herbe verte des champs, du sable doré des rivages et des pierres précieuses des montagnes.»


 

De la Raison et de la Connaissance



 La raison est à la Connaissance ce que le corps est à l'âme. Sans le corps, l'âme n'est que vent inerte; sans l'âme, le corps n'est qu'un cadre inanimé.

 La Raison n'est pas comme ces marchandises qu'on vend sur les marchés, dont la valeur diminue avec l'abondance, bien au contraire, son prix augmente en fonction de son abondance. Mais si on la vendait sur les marchés, seuls les sages l'apprécieraient à sa juste valeur.

Regardez chaque jour en votre conscience et réparez vos erreurs car, si vous manquez à ce devoir, vous trahirez la Connaissance et la Raison habitant en vous.

Gardez un oeil vigilant, comme si vous étiez votre propre ennemi. Vous ne pouvez en effet apprendre à vous dominer si vous n'avez pas d'abord appris à dominer vos passions et à suivre les ordres de votre conscience.


 

De la Musique



 L'âme de la musique est dans l'esprit, et son esprit est dans les sentiments.


 Lorsque Dieu créa l'Homme, il lui donna la Musique en tant que langage distinct de tous les autres langages. Les primates chantèrent sa gloire dans des paysages inhospitaliers, plus tard elle attira à elle le coeur des rois et les fit descendre de leur trône.

 

Le chant de l'oiseau tire l'homme de son sommeil. Il l'invite à chanter des psaumes de gloire à l'Éternelle Sagesse qui créa le chant des oiseaux.


 Lorsque les oiseaux chantent, s'adressent-t-ils aux fleurs des champs, parlent-ils aux arbres, se font-ils l'écho du murmure des ruisseaux ? Car par son entendement, l'Homme ne peut comprendre ce que dit l'oiseau ni ce que le ruisseau murmure, non plus que le chuchotement des vagues quand avec douceur elles touchent les rives.


 L'Homme par son entendement, ne peut comprendre ce que dit la pluie quand elle tombe sur les feuilles des arbres ou quand elle frappe aux carreaux des fenêtres. Il ne peut comprendre ce que la brise raconte aux fleurs des champs.


 Mais le coeur de l'Homme ne peut percevoir et saisir le sens des sons se jouant sur la corde des sentiments. L'Éternelle sagesse souvent lui parle dans un langage mystérieux ; l'Âme et la Nature parlent l'une avec l'autre, cependant que l'Homme écoute, interdit et sans voix.


 Pourtant, à l'audition des sons l'Homme n'a-t-il point pleuré ? Ses larmes n'attestent-elles point avec l'éloquence et la compréhension ?

 

 

De la Sagesse



Le sage est celui qui aime et vénère Dieu.

 Le mérite d'un homme réside dans sa connaissance et ses actes, non point dans la couleur de sa peau, sa foi, sa race ou son extraction. Car rappelle-toi, ami, le fils d'un pâtre possédant la connaissance est plus méritant au regard d'une nation qu'un héritier de trône ignorant. La connaissance vous donne vos véritables lettres de noblesse, quel que soit votre père ou la race à laquelle vous appartenez.


La connaissance est la seule richesse dont les tyrans ne peuvent vous dépouiller. Seule la mort peut diminuer le flambeau de la connaissance brûlant en vous. La vraie richesse d'une nation n'est pas en son or ou en son argent, mais dans son aptitude à s'instruire, sa sagesse et le degré d'intégrité de ses fils.


 Les richesses de l'esprit embellissent le visage d'un homme; elles suscitent sympathie et respect. L'esprit d'un être se reflète dans ses yeux, sa contenance et dans tous les mouvements de son corps. Notre physique, nos paroles et nos actes ne dépassent jamais ce que nous sommes. Car l'âme est notre demeure, nos yeux sont des fenêtres et nos paroles ses messagers.


 Dieu vous a donné l'intelligence et la connaissance. Aussi, n'étouffez pas la lampe de la Grâce Divine et ne laissez pas s'éteindre la bougie de la sagesse dans les ténèbres de l'avidité et de l'erreur. Le sage est celui qui, à la lueur de son propre flambeau, vient éclairer le chemin des hommes.


 Rappelle-toi qu'un seul juste cause au Diable plus de tracas qu'une multitude de croyants aveugles.


 Apprenez les paroles de Sagesse prononcées par les sages et appliquez-les dans votre vie. Vivez-les mais ne les déclamez pas, car quiconque répète ce qu'il n'a pas compris est aussi inutile qu'un âne chargé de livres.



 

De L'Amour et de L'Égalité



 Ami, qui est dans le dénuement, si tu pouvais savoir que la Pauvreté qui cause tant de ravages est celle-là même qui révèle la connaissance de la Justice et et la compréhension de la Vie, tu serais satisfait de ton lot.


 Car la Vie est une chaîne faite de multiples liens divers. Vos chagrins sont un lien en or ; ils unissent la soumission au présent et l'espoir prometteur du futur.


 La douleur est l'aube qui sépare le sommeil de l'éveil.


 Les larmes que tu verses, ami affligé, sont plus pures que le rire de celui qui cherche l'oubli et plus douces que les railleries. Elles nettoient le coeur du fléau de la haine et enseigne à l'homme comment partager sa souffrance avec d'autres coeurs affligés. Elles sont pareilles aux larmes du Nazaréen.


 

Autres Paroles du Maître



 Je suis depuis le début des siècles et je serai jusqu'à la fin des temps, car mon existence n'a pas de fin.... L'âme humaine n'est qu'un bout du flambeau qui se consume et dont Dieu s'est séparé à la création.


 Lorsque vous avez clairement compris un problème, faites-y face avec obstination, car cela est la voie du fort.


 Modérez votre impatience, et ne soyez pas paresseux quand la vie vous appelle. Vous éviterez ainsi de graves erreurs.


 Hier, je regrettais mes actes, mais aujourd'hui je comprends mon erreur et le mal que j'attirais à moi en rompant mon arc et en détruisant mon carquois.


Je t'aime mon frère, qui que tu sois. Il n'importe que tu assistes aux cultes dans une église, t'agenouilles dans un temple ou pries dans une mosquée. Toi et moi sommes les enfants de la même foi, car les divers sentiers religieux sont chacun un doigt de la main aimante de l'Unique Être Suprême. Et cette main se tend vers tous avec ardeur, offrant à tous la plénitude de l'esprit.


 Dieu vous a doté d'un esprit ailé afin que vous puissiez vous élancer dans le vaste firmament de l'Amour et de la Liberté. Aussi, n'est-il pas dommage que de vos propres mains vous coupiez vos ailes et souffriez que votre âme rampe sur la terre comme un insecte.


 Mon âme, la Vie est pareille au coursier de la nuit : de la rapidité de son vol dépend le lever de l'aurore.




 

" Ainsi parla la Sagesse "


« Continue d'avancer, ne t'arrête pas. Car avancer c'est aller vers la perfection. 

Marche sans craindre les épines ou les pierres tranchantes dont est parsemé le sentier de la Vie »





Images

"Auto- Portrait" Khalil Gibra

 "Gondoles au fusain" Venise 2001 © G-S

 "La pietà" de Vincent Van Gogh

"Océan" © Fan Waltzer

"La création d'Adam" de William Blake

"Le Penseur" © Auguste Rodin

"Amoureux au bouquet" © Marc Chagall 

" Le baiser " © Faby Artiste... Lien / image

"Les Marié " © Marc Chagall

"Platon et Aristote" par Raphaël 

"Anges musiciens"

 "Ange de la Sagesse" Tarots

"la Création d'Adam" Michel-ange (détail)

"La Cène" Salvador Dali

Choix de textes )